40 ans de Nostra aetate

Il y a quarante ans, la déclaration « Nostra Aetate » du Concile Vatican II invitait à la fraternité Universelle avec les autres religions

Moïse a marché 40 ans dans le désert pour arriver aux portes de la Terre promise. Du haut du mont Nébo, il a pu contempler cette terre mais n’y est pas entré : Dieu, dans un baiser d’amitié, lui a fermé les yeux et lui a ouvert la Terre d’en haut, celle de l’éternité.
Il y a 40 ans, le Concile livrait à l’histoire la déclaration sur les religions non-chrétiennes. Quarante ans de désert ? Pas tout-à-fait : ce dossier voudrait établir un bilan positif. Mais il y a encore tant à faire !
Sommes-nous aux portes d’une terre de paix et de fraternité ? Peut-être, mais elles paraissent encore si étroites ! Il nous faut la patience du Dieu-Père qui embrasse tous ses fils d’un unique regard d’amour.
Des siècles de persécutions souvent justifiées par des arguments religieux (quelle communauté pourrait s’affirmer vierge de tout acte de cette nature ?), des siècles d’incompréhension et d’indifférence, ne peuvent s’effacer d’une mémoire collective en 40 ans, tout juste une génération. Un dialogue s’est largement ouvert entre certains croyants attentifs à l’autre. Mais l’ensemble des fidèles, y compris parmi les chrétiens, restent frileux, peureux, voire hostiles à tout dialogue considéré alors comme une compromission ou une abjuration de la foi.
Un temps de pause est peut-être nécessaire et bénéfique, avant qu’une nouvelle génération prenne la relève. Du haut de notre mont Nébo interreligieux, contemplons ensemble la terre que Dieu nous demande de cultiver en frères, comme Caïn et Abel auraient dû le faire.
La figure de Moïse est emblématique pour tous les « fils d’Abraham » : juifs, chrétiens et musulmans peuvent se réclamer de lui pour que leurs chemins se rejoignent. Mais la mondialisation touche aussi le religieux qui vient de l’Asie et même le non-religieux ouvert à l’Esprit. Une génération passe : au fil des ans, elle entre dans la joie de Dieu qui rassemble tous les hommes dans son amour. Moïse n’a pas conduit le peuple au delà du Jourdain : c’est son successeur, Jésus fils de Nun (habituellement dénommé Josué dans nos traductions françaises) qui, passant par Jéricho, accomplira ce qui ne fut pas donné d’accomplir à Moïse.
Rendons grâce à Dieu du chemin parcouru, et prions-le de susciter, dans la nouvelle génération, ceux qui poursuivront la route. Afin d’abattre les murs derrière lesquels on se réfugie trop souvent, les chrétiens n’oublieront pas qu’ils mettent leur foi en Jésus, fils de Marie.

Pierre Hoffmann

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