Association Ephata-Quimper, août 2024

 » Je pense que notre problème, aujourd’hui, est un problème poétique.

Il faut changer d’imaginaire. »

Olivier Abel

   Ben oui quoi… y’a pas de problème politique dans notre pays ! Je souris. Juste un problème poétique. Qu’est-ce qu’un état poétique ? L’état poétique peut être donné par la danse, par le chant, la musique, la jouissance, l’amour, par le culte, par les cérémonies, l’esthétique, le plaisir, par le poème. L’état poétique est également appelé « état second ». Ce n’est pas un état de vision, c’est un état de voyance. De clairvoyance !

   La poésie trouve sa source dans la vie, avec ses rêves et ses hasards. Son but est de nous mettre dans un état second, ou plutôt de faire que l’état second devienne l’état premier. Le but de la poésie est de nous mettre en l’état poétique. Plus je prend de l’âge, plus je poétise. A d’autres époques j’ai philosophé, psychologisé, ésotérisé ! A chaque âge de la vie suffit sa joie.

   Maurice Zundel avait tout compris :  » Quand, dans l’émerveillement de la musique, de l’architecture, de la peinture, de la nature ou de l’amour, vous vous sentez délivré de vous-même, votre regard se porte sur la beauté et, tandis que vous vous perdez de vue, vous vous sentez exister avec une plénitude incomparable. »

   L’art est politique. La poésie est subversive. Elle ne touche pas simplement l’esprit ou la rationalité, mais aussi le sentiment, la sensation, le cœur. Depuis dix ans le mur se rapproche et personne ne sait quoi faire. Cela s’est traduit dans les urnes, mais au quotidien, aussi, notre façon de ne pas être d’accord est de plus en plus violente. Notre usage des réseaux sociaux structure notre esprit de façon binaire. Réfréner nos pulsions de colère ou de crainte de l’autre demande toujours plus de maîtrise et de réflexion.  » La poésie crée des instants de communion, de paix. Elle est un espace de liberté, de subversion, une source où se régénérer. On peut la comparer à un bon grog : on vous croit bien sage au lit, alors que vous vous enivrez ! Elle rappelle que l’on peut jouer avec les mots. Il faut la lire irrespectueusement, c’est le seul moyen de l’aimer.  » nous dit Arthur Teboul, la voix de Feu! Chatterton, dans Le Déversoir. Poèmes minute. Et fin août, avec le pianiste de jazz Baptiste Trotignon dans l’album Piano voix.

   Les ressorts cachés du « développement personnel ». Ils nous promettent les clés du bonheur et du sens de nos vies. Mais, quelle vision de l’existence proposent-ils vraiment ? Entre 2021 et 2022, six millions de livres vendus et 71 millions d’euros de chiffre d’affaires ! Public à 90% féminin. Marché qui se tasse depuis deux ans. Avec l’arrivée de plein fouet du réchauffement climatique, on est entré dans le réel, les pieds sur terre. Terminées les fausses promesses, la pensée magique qui embellit le réel. Tout le travail de nos vies individuelles et collectives étant d’apprendre à nous détacher des illusions du bonheur pour rentrer dans la possibilité de la vraie joie humaine. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Certains cherchent des livres pour vraiment sauver leur vie. Ça craint ! Haro sur les injonctions soft des ouvrages de développement personnel, qui ne font qu’en rajouter de nouvelles, renforçant la pression à réussir son évolution, devenue, elle aussi, un objectif à atteindre. Pas cool ça ! 

   Plus encore que la quête du bonheur, c’est la liberté d’agir sur le réel et une nature cosmique qui est au cœur du discours du développement personnel. La question de savoir comment gagner sa liberté dans un monde de puissances. Mais quelle liberté ? Et pour quoi faire ?  » Tant que c’est une liberté pour accroître uniquement ma capacité d’action, c’est une liberté contre les autres, où je construis mon espace, confortable, zen, mais sans aucune limite. Or, la croissance spirituelle, c’est justement de découvrir que les limites qui me déterminent n’empêchent pas que ma vie soit féconde avec les autres. Ce n’est pas  » Je vais être plus », c’est  » Je vais être davantage avec moi-même et les autres  » dans le petit lieu qu’est ma vie, mais qui n’a rien d’une limitation. » nous avertit Patrick Goujon.

   C’est en effet l’une des grandes critiques faîtes au développement personnel : la faible place faite à l’autre, souvent vu comme source d’obstacles à son épanouissement. Illusion totale, éclipse totale ! D’où le besoin de bien estimer, derrière ces lectures souvent distrayantes et parfois inspirantes, comment l’on se situe dans ses relations, sans chercher d’illusoires recettes magiques. En toute liberté… et responsabilité !

   Un seul mot d’ordre, pour conclure, que j’emprunte à mon ami Fabrice Midal :  » Foutez-vous la paix ! et commencez à vivre «  ! Nom d’un pangolin…

Le moucheron’

(Je ne suis plus seule…)

Un moucheron est venu partager ma vie

A chaque repas, il surgit

Il partage avec moi les miettes

Puis sur le mur il me guette

Il surveille ce que j’ai mangé

Sur mon verre il reste perché…

L’écran de la Télé l’inspire

Sur mon nez il vient s’endormir

Abrite-t-il une âme cachée ?

Minuscule et si bien formée…

J’ai du plaisir à l’observer

Perfection miniaturisée !

Je ne suis plus seule à présent

Il me surveille tout le temps

Je lâche prise…je laisse faire…

J’ai un précieux colocataire !

Geneviève (Mahâjyoti) ॐ शान्ति Om Jay Mâ (2024)

 » Ce que l’on n’a pas pu saisir dans l’instant,

nulle éternité ne nous le rendra. »

Schiller

Des livres et vous

« Le ciel ouvert » Nicolas Mathieu (« Ne cède rien de ta joie. »)

« Je souffre donc je suis. Portrait de la victime en héros » Pascal Bruckner (« Ne hissons pas nos tracas au rang de tragédie » : décapant et juste)

« Vallée du silicium » Alain Damasio (réquisitoire contre les Gafam et leurs dirigeants sociopathes et pistes pour s’en libérer…)

« L’Art d’être distrait. Se perdre pour se trouver » Marina van Zuylen (explore les vertus de la pensée vagabonde…)

« La Stratégie du Y » Alan et Timothée Fustec / Arnaud Bergero (pour montrer aux dirigeants et dirigeantes d’entreprises qu’il est possible de mettre en place une stratégie de développement durable qui soit ambitieuse et qui permette de respecter les limites planétaires…)

Musiques

« Albion » Harp-Tim Smith (somptueux album)

« Au bord du rêve » A. Brauner / L. de Ratuld (chaque mélodie invite à la méditation et à l’apaisement. Inspiré et virtuose, ouvre la porte à l’évasion et au songe…)

« Mer(s) » Appassionato (oeuvre poétique et puissante, la magnificence de l’océan et la nécessaire humilité de l’homme face aux éléments)

« Le Souffle de l’âme » Thierry Escaich / choeur Dulci Jubilo (florilège sensuel porté par une ardente espérance)

« O’er the Moor » Le Kraken Consort (croise baroque et celtique = magnifique)

 » Le malheur marche au bras du bonheur,

le bonheur couche au pied du malheur. »

Tao – tö – King

   L’urgence, si urgence il y a, est de vivre plus intensément encore, bonheur qui ne s’offre qu’à ceux qui finissent par comprendre que le simple fait de vivre est un trésor inestimable.

   Pour la cinquième fois de ma vie, je vais prendre la parole en public. Le 29 septembre à 16h00, pour partager mon chemin de vie et les quelques bribes que j’ai compris de notre passage terrestre, entre malheurs et bonheurs. Je remercie ici vivement les organisatrices de la « Fête du Vivant » à Plounéour-Ménez, un superbe coin des Monts d’Arrée, par chez nous (détail en pj). La thématique de la journée porte sur la « Jeunesse ». Le titre de ma causerie est « Rester jeune à tout âge ? ». Vous l’aurez compris, je ne parlerais pas de la jeunesse éternelle, surtout physiologique. Je ne suis pas un marchand d’illusions. Je sais parfaitement que notre corps change, vieillit, dépérit et meurt.

   Mais notre esprit peut, lui, rester jeune jusqu’au bout. Nous pouvons garder un esprit jeune jusqu’à la fin. Comment ? Dans quelles conditions ? Quels choix de vie ? De relations ? De comportements ? Le 29 septembre, nous allons sourire et rire ! Je convoquerais toutes les personnes qui m’ont sérieusement inspiré depuis mon adolescence pour « rester jeune d’esprit » à tout prix. Ne pas devenir adulte trop vite, trop sérieux, trop ennuyeux, trop vieux !

   Pas de morale, que du banal. Pas de culpabilité, que de la gaieté. Pas d’injonctions, que des émotions. Guérir, ne plus souffrir. S’ouvrir, ne pas dépérir. Bref, un vrai programme politique ! Surtout poétique, doux, légèreté de l’être, détachement, instant présent. Carpe diem. Une causerie partagée en vérité, simplicité, intimité, sans prise de tête. A l’image de son intervenant : sensible, vrai, dérangeant, interrogateur, esprit libre, verseau ascendant verseau ! Un pur moment taoïste à partager…

   Bien sûr, vous êtes cordialement invités, et ce depuis le matin, à partager avec nous cette belle journée. Contact en pièce jointe. Merci les organisatrices !

    » Beaucoup d’esprits ont découvert l’Absolu parce qu’ils avaient près d’eux un canapé. « … paroles sages d’Emile Cioran, à méditer par les énervés de l’action !

   Je suis ce que je vois.

   Le mot « vacance » signifie vide, ne l’oublions pas.

   Lançons un appel à la « radicalité fraternelle » : on peut rêver quoi !?

   Bel été à chacun.e

   Jacques

Association « EPHATA »

« EPHATA » signifie « Ouvre-toi ! »

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Préfecture Finistère n° w294000875

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