
Un engagement pour la fraternité universelle
S’il a fait du dialogue interreligieux une des priorités de son pontificat, ce n’est
pas seulement pour des motifs théologiques ou spirituels, mais aussi pour des
raisons morales et politiques. Le pape François considérait que la coexistence
pacifique entre les religions était essentielle à la paix mondiale et que les
différentes traditions religieuses avaient un rôle clé à jouer dans le combat
contre l’intolérance et pour la promotion de la fraternité humaine. À travers ses
voyages, ses écrits et ses rencontres avec des leaders religieux de différentes
confessions, il a toujours cherché à bâtir des ponts entre les confessions,
notamment entre le christianisme et l’islam.
L’un des événements les plus marquants dans ce domaine restera la signature, le
4 février 2019, du Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et
la coexistence commune, à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), en collaboration
avec Ahmed el-Tayeb, grand imam de l’université d’Al-Azhar (Le Caire). Ce
texte historique, qui constitue une étape majeure dans le rapprochement entre
l’Église catholique et l’islam sunnite, entend promouvoir le respect mutuel et la
coopération entre les religions pour lutter contre la haine et l’extrémisme. A tel
point que l’ONU, lors de son assemblée générale du mois de décembre 2020,
décide de faire de cette journée du 4 février, la Journée internationale de la
fraternité humaine.
Le pape François entreprend également plusieurs voyages significatifs pour
renforcer le dialogue interreligieux. En Égypte, en 2017, il rencontre une
première fois le grand imam d’Al-Azhar et participe à une conférence sur la
paix. Au Maroc, en 2019, il souligne l’importance de l’unité dans la diversité
aux côtés du roi Mohammed VI. Deux ans plus tard, en Irak, il marque l’histoire
en rencontrant le grand ayatollah Ali al-Sistani, figure majeure de l’islam chiite,
appelant à la coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans.
Plus récemment, lors d’une conférence organisée par le mouvement des Focolari
en juin 2024, François réaffirme que le dialogue interreligieux est une «
condition nécessaire pour la paix », insistant sur l’écoute, la confiance et
l’acceptation mutuelle. À l’occasion du cinquième anniversaire de la signature
du document d’Abou Dhabi, il met en garde contre les obstacles à la fraternité,
notamment la méconnaissance de l’autre et le repli identitaire.
Au-delà de ses liens avec l’islam, le pape François a multiplié les rencontres
avec des représentants du judaïsme et du bouddhisme. En Asie, où le
catholicisme est souvent minoritaire, le pape a promu une approche
d’« inculturation » du message chrétien, c’est-à-dire une adaptation aux
contextes culturels et religieux locaux. Lors de sa récente tournée en Indonésie,
Singapour et Papouasie-Nouvelle-Guinée, il a insisté sur l’importance de la tolérance religieuse et du respect des croyances locales, tout en cherchant à
renforcer la place du catholicisme dans ces sociétés multiconfessionnelles.
Sous le pontificat de François, le dialogue interreligieux est ainsi devenu, au fil
des ans, un outil central de la diplomatie du Vatican, jouant un rôle actif dans les
grandes rencontres internationales pour la paix et faisant de l’Église catholique
un acteur du rapprochement entre les peuples, au-delà des appartenances
confessionnelles.
Le pape, à qui j’ai présenté la Cinpa, nous a encouragés à poursuivre notre action dans l’interreligieux.
Laurent Grzybowski