« L’HOSPITALITE ENTRE LES RELIGIONS »
Albin Michel éd. ; Paris 2007 (216p.) par Pierre-François de Béthune.
Un livre à lire, reprendre, méditer et, si Dieu le permet, à mettre en pratique !
Le Père de Béthune, O.S.B, est secrétaire général du dialogue interreligieux monastique (DIM). L’étude qu’il publie vient d’une question sans échappatoire : pourquoi les religions, qui acceptent le caractère sacré de l’hospitalité, se la refusent-elles ?…
La réponse, longuement méditée, part d’une réflexion sur l’exemple des grands précurseurs que furent Louis Massignon, Charles de Foucault, Henri Le Saux et bien d’autres comme le furent les frères de Tibherine ; mais elle résulte aussi d’une mise en pratique validée pendant de nom-breuses années. Elle vaut ainsi plus qu’un début de solution.
L’ouvragese compose de deux parties : l’hospitalité reçues, l’hospitalité offerte ; il se termine sur un lexique utile.
Le propos est illustré par l’expérience approfondie du bouddhisme qu’a l’auteur, mais il va audelà de ce cas particulier et peut servir de vademécum pour s’engager dans tout dialogue de fond mené en vérité entre fidèles de traditions étrangères entre elles : c’est à ce niveau que butent en général les rencontres interreligieuses lors-qu’elles essaient, avec difficulté, de sortir de la simple convivialité.
Le langage est clair, facile et agréable à lire ; les formules heureuses abondent. Le poids des mots ne cachent rien de leur ambiguïté, des pièges qu’ils peuvent cacher dans la rencontre. La même racine indo-européenne nous a donné d’un côté « hospitalité » et de l’autre « hostilité » et « otage » !
Pour les chrétiens, l’exemple vient de loin : inspiré par l’Esprit, saint Pierre a franchi le pas le premier en acceptant d’abord d’entrer puis de manger chez le centurion romain Corneille. La paix que nous cherchons tous sera le fruit du dialogue; son but est la rencontre de l’autre, dans son altérité, qui nous rapproche de Dieu.
Le vrai dialogue se noue dans la pauvreté, autour de nos question-nements, pas de nos certitudes ! Tout accueil modifie celui qui reçoit l’autre, mais nous devons changer pour devenir plus profondément ce que nous sommes : l’identité se forme dans le mouvement !
Norbert Ducrot