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Publié le Juil 14, 2022 - 09:32 PM
Education à la Paix

Compostelle Cordoue


Marche dans le Vercors - Août 2022
Jean-René Brunetière

Résistance

Propos en désordre…




Compostelle Cordoue développe depuis longtemps le thème de la bienveillance, voire de la « bienveillance inconditionnelle »… mais la bienveillance n’est pas la complaisance, ni la lâcheté ! Il faut parfois combattre.
Le thème choisi pour notre marche 2022 dans le Vercors autour de Léoncel est « La Résistance ».
En ces lieux, le thème s’imposait : le souvenir du maquis est toujours vivant.
« Sur ce vaste plateau, des Français de toutes origines et de toutes opinions ont su se grouper et s'unir avec la seule ambition d'échapper à la servitude (...) Tant de sang versé a fait de ces montagnes une terre sacrée, une terre qui doit être maintenant respectée comme un sanctuaire où le flambeau de notre liberté a été rallumé, comme l'un des berceaux de la Renaissance française. » (Commandant Pierre Tanant).



De 1942 à 1944 s’est constitué sur le plateau du Vercors, véritable « forteresse naturelle » un important foyer de résistance, rassemblant jusqu’à 4000 maquisards en 1944. Le 21 juillet 1944, 9 000 soldats allemands et 500 français donnent l’assaut et ratissent le plateau, tuant 639 combattants et 201 civils. Le maquis est dispersé dans le sang et les larmes.
Nous marcherons sur les traces des maquisards et nous interrogerons leur souvenir au moment où l’Ukraine est engagée dans une résistance semblable et où, dans notre pays fracturé, l’inacceptable semble s’insinuer progressivement dans la normalité. Et dans ce glissement continu, c’est à chacun de décider sur chaque enjeu où commence l’intolérable, le moment où il devra dire non. Ce moment n’est pas donné de l’extérieur… chacun en est responsable pour lui-même devant sa conscience.
Savoir dire non, savoir quand dire non, savoir comment dire non.
Savoir repérer les formes sournoises de servitude qui appellent notre révolte, comprendre que dans le glissement progressif du normal à l’inhumain, c’est à chacun de nous qu’il incombe de choisir le moment de dire non, d’entrer en résistance…
En temps de paix, la résistance s’exprime par le comportement quotidien, la préservation de ce à quoi on tient, la nature, nos richesses culturelles, notre cohésion sociale face aux agressions ordinaires. Nous rencontrerons des personnes qui, sur le plateau du Vercors, résistent au long des jours aux tentations perverses de notre société, veulent rester indemnes de toute addiction. Il ne s’agit pas de refuser le progrès mais d’en rester maître, de rester libre en face de ce que le monde nous propose, en face des tentations marchandes.
Chacun d’entre nous aura l’occasion de revisiter ses sujets de résistance, sa capacité de résistance, ses territoires de liberté, au fond.
Choisir ses terrains de résistance est un acte politique. Le choix n’est pas toujours si clair que celui qui se présentait au temps des maquis. Ces choix sont sujets de controverse : les éoliennes, le nucléaire, le mariage pour tous ou la vaccination génèrent des résistances… Quels critères de légitimité ? Certainement, au sein même de notre groupe, les positions divergent sur ces sujets. Sommes-nous condamnés à des résistances antagonistes ?
Compostelle Cordoue a engagé un chemin en 2021 vers trois défis majeurs : le changement climatique, l’accueil des exilés, la violence sous couvert de religion. La gravité et l’urgence de ces défis font consensus entre nous. Nous nous proposerons d’approfondir ces thèmes : les deux premiers au moins appellent notre résistance.
Quand le climat est en danger, quand la solidarité est bafouée, quand l’égoïsme est élevé au rang de vertu s’il fait vendre, où trouverons nous les ressources pour résister, individuellement et collectivement ? pour civiliser les nouveautés technologiques, pour humaniser nos rapports sociaux, pour domestiquer la cupidité triomphante ?
Où ? où sinon à l’intérieur de nous-mêmes, au prix d’un travail exigeant, qui réveille nos générosités enfouies, qui délivre notre part d’altruisme ? Peut-il y avoir résistance sans démarche spirituelle ?
A Cannes, c’était le message de Lama Tréhor, et le prieur de Leyrins, Don Wladimir, développait le thème de la « conversion » … son monastère était en « conversion écologique », et chacun était appelé à une « conversion » personnelle toujours à renouveler. Au prix de quels sacrifices ?
La résistance ne va pas sans sacrifice. Que sommes-nous prêts à sacrifier de notre confort pour atténuer le changement climatique, de notre entre soi pour accueillir les exilés, de notre domination pour sauver la nature, de notre superflu pour retrouver la fraternité ? Quelle sorte de bonheur nous attendra au bout du chemin ?
Le sacrifice, prix de la libération ? ce même mois de juillet 1944 qui voit périr le maquis du Vercors, la Normandie retrouve la liberté.
Sacrifice et libération, pour les croyants, sans doute est-ce le sens du jeûne, du Ramadan, du Carême, une forme d’entrainement à la résistance ? Mais l’exercice spirituel n’est sans doute pas le monopole des croyants…
Résister ensemble. Résister en solitaire demande de l’héroïsme, résister en groupe, mimétisme aidant, allège le fardeau, crée du lien, peut générer de la joie partagée. Les grands mouvements collectifs, politiques, syndicaux, religieux, sont en crise. Les collectifs de résistance prennent d’autres formes, plus dispersées, plus instinctives peut-être… Comment, sous quelle forme, selon quelles alliances, nous réunir pour tenir bon ?
Après avoir marché et dialogué sur le plateau du Vercors, aurons-nous mieux compris ce que « résistance » signifie pour nous ?

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
(…)
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.

Paul Eluard (Poésie et Vérité, 1942, poème parachuté dans les maquis)

Jean-René Brunetière
4 juin 2022
 
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