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Publié le Oct 03, 2006 - 12:10 AM
Vivre ensemble

Déclaration de Kyoto :
"Faire face à la violence — Promouvoir une sécurité partagée"


Huitième assemblée mondiale des Religions pour la Paix
Kyoto, août 2006



Préambule, suivi de l'Appel à l’action pluri-religieuse

Représentant toutes les grandes traditions religieuses et toutes les régions du monde, plus de huit cents leaders religieux de plus d’une centaine de pays ont tenu à Kyoto la huitième assemblée mondiale de la Conférence mondiale des Religions pour la Paix dont le thème était : "Faire face à la violence et promouvoir une sécurité partagée". Nous, délégués à cette assemblée, venons du réseau mondial de Religions pour la Paix formé de conseils et de groupes interreligieux locaux, nationaux, régionaux et internationaux ainsi que de réseaux de jeunes et de femmes croyants. Nous prenons en compte les contributions et les déclarations significatives venant des assemblées des jeunes et des femmes.



La première assemblée mondiale de Religions pour la Paix s’était réunie en 1970 à Kyoto. Chacune des assemblées tenues depuis lors a réaffirmé les principes religieux soutenus profondément et largement partagés qui continuent d’inspirer notre recherche de la paix et de la justice. Nous sommes tous convaincus de l’unité fondamentale de la famille humaine et de l’égale dignité de tous les êtres humains. Nous affirmons le caractère sacré de chaque personne et l’importance de sa liberté de conscience. Nous sommes engagés à l’égard des valeurs et des attitudes éthiques que partagent nos traditions religieuses. Nous soutenons la valeur de la vie qui se manifeste dans la communauté humaine et dans la création tout entière. Nous reconnaissons que le pouvoir de l’homme n’est ni absolu ni autosuffisant, et que l’esprit d’amour, de compassion, d’altruisme et la force de la vérité intérieure l’emportent finalement sur le préjugé, la haine, l’hostilité et la violence. Réunis au Japon, pays qui a connu les horreurs des attaques nucléaires, nous nous engageons à continuer de lutter pour un désarmement atomique intégral et contre la prolifération des armements.

Les participants à la première assemblée mondiale de Religions pour la Paix avaient déclaré : " Hommes et femmes de religion, nous confessons avec repentir et humilité que nous avons très souvent trahi nos idéaux religieux et notre engagement à agir pour la paix. Ce n’est pas la religion qui a fait défaut à la cause de la paix, mais les gens de religion. Cette trahison de la religion peut et doit être redressée. " Il est crucial aujourd’hui que nous gravions profondément dans notre cœur cette réflexion de nos vénérables prédécesseurs.

Nous vivons actuellement dans un monde aux prises avec bien des formes de violence, directe ou structurelle. De violents conflits — entre des Etats ou en leur sein, mettant aux prises des acteurs étatiques ou non — tuent des personnes et détruisent des communautés. Elles font plus de victimes civiles que militaires et frappent de manière disproportionnée des populations vulnérables. Les communautés de croyants, en particulier, ont un rôle essentiel à jouer pour identifier toutes les formes et manifestations de la violence et pour s’y affronter. Les religions du monde ont l’expérience des abus commis par ceux qui veulent exploiter la religion pour leurs propres fins. Dans des conflits en cours à travers le monde, la religion est utilisée pour justifier ou excuser la violence. Il nous faut reconnaître, pour le regretter, que dans nos familles spirituelles, certains groupes ont effectivement voulu faire usage de la violence. Nous devons rejeter cette tendance et renouveler l’engagement des religions à suivre les voies de la paix. Les communautés de croyants et leurs responsables doivent se dresser, parler et agir contre un détournement de la religion.

Les diverses menaces liées entre elles que subissent d’innombrables membres de la famille humaine nécessitent que l’on adopte une vue très large de la violence existant dans le monde. Les communautés de croyants doivent jouer un rôle central, en partenariat entre elles et avec tous les secteurs de la société, pour empêcher et faire cesser les guerres, dénoncer l’injustice, lutter contre la misère et protéger la terre.

C’est maintenant le moment de le faire, et la clé de notre action contre la violence est la coopération fondée sur le respect et l’acceptation mutuels.

Faire face à la violence

Aujourd’hui, le génocide, la répression menée au nom de l’Etat, le terrorisme et d’autres négations des droits de l’homme violent le droit international, prennent pour cible des civils innocents et menacent la sécurité de groupes nombreux. Les lois qui restreignent les droits humains et la liberté des citoyens sont elles aussi une forme de violence. En rapport avec les conflits, la maladie, la famine, les déplacements de population et les catastrophes écologiques menacent gravement la vie. Les violences envers les femmes et les enfants que sont le viol, la grossesse forcée, l’esclavage, le travail imposé, la prostitution, l’emploi d’enfants soldats et le trafic d’êtres humains sont fréquemment utilisés comme moyens de guerre.

Les menaces physiques directes sont ce qui définit le plus couramment la violence. Mais la réalité des éléments divers et liés entre eux qui mettent en danger la survie de millions d’êtres humains oblige à adopter une notion bien plus large de la violence dans le monde. Des injustices économiques causant famine et misère extrême font mourir cinquante mille personnes chaque jour. Des maladies que l’on pourrait empêcher ou guérir en tuent des millions. Vingt millions d’individus sont déjà morts du SIDA et quarante millions d’autres sont contaminés par le virus, avec des conséquences désastreuses sur les populations affectées. Beaucoup d’entreprises, spécialement les multinationales, déterminent la marche de leurs affaires sans se préoccuper des valeurs dont dépend le développement durable. La dégradation de l’environnement et la raréfaction des ressources naturelles menacent l’aptitude de notre planète à entretenir la vie.

Les pauvres, les sans pouvoir et les populations les plus vulnérables subissent de façon disproportionnée les effets de la violence sous toutes ses formes, allant des conflits armés, à la misère extrême et à la dégradation de l’environnement. Malheureusement, la religion joue un rôle significatif dans des conflits parmi les plus irréductibles et les plus sanglants. Elle est prise en otage par des extrémistes et trop souvent aussi par les politiciens et les médias. Les extrémistes se servent de la religion pour inciter à la violence et à la haine et pour entretenir des conflits sectaires, ce qui est contraire à nos convictions les plus profondes. Les hommes religieux doivent voir clairement pourquoi les religions sont prises en otage notamment par la manipulation et l’interprétation abusive de leurs principes de base. Les politiciens exploitent et manipulent souvent pour leurs propres fins les différences entre les croyances en mêlant la religion aux querelles politiques, économiques et sociales. Les médias contribuent aussi, dans les situations de conflit, à faire des religions des boucs émissaires en les décrivant en des termes qui ne les respectent pas. Ils ont trop tendance à identifier les parties aux conflits par des étiquettes religieuses, et à présenter la religion comme une cause de discorde sans faire état de la diversité des positions au sein des traditions religieuses, et sans signaler les multiples façons dont les communautés de croyants font face à la violence et œuvrent pour la paix.

Apporter à ces défis une réponse pluri-religieuse.

Au nom de nos convictions religieuses, nous avons la responsabilité, au sein de nos communautés respectives, d’affronter la violence chaque fois que l’on abuse de la religion pour la justifier ou l’excuser. Il faut que les communautés de croyants manifestent leur opposition chaque fois que la religion et ses principes sacrés sont dénaturés au service de la violence. Elles doivent prendre les mesures qui s’imposent pour exercer leur autorité morale à l’encontre de cet abus.

Des impératifs éthiques et religieux fondent la coopération entre les religions en vue de résister à la violence et de la rejeter, de l’empêcher autant que possible et de promouvoir la réconciliation et la guérison.

Nos traditions religieuses nous appellent à prendre soin les uns des autres et à traiter les problèmes d’autrui comme s’ils étaient les nôtres. La violence contre tout individu est une attaque contre tous et doit nous préoccuper tous. Les communautés de croyants se savent particulièrement appelées à se placer du côté des plus vulnérables, les pauvres, les marginaux, les sans défense. Nos traditions religieuses reconnaissent que la vie humaine est essentiellement vulnérable. La vulnérabilité de chaque individu doit nous faire admettre la nécessité de faire face à la vulnérabilité de tous.

Il existe aussi des motifs pratiques de coopérer. Aucun groupe n’est à l’abri de la violence ou de ses conséquences. La guerre, la misère, la maladie, la destruction de l’environnement ont sur nous tous des incidences directes ou indirectes. Les individus et les collectivités se trompent s’ils imaginent en être à l’abri quand les autres en souffrent. Aucun mur ne sera jamais assez haut pour nous isoler des effets des vrais manques et de la vulnérabilité des autres. Aucun pays ne peut être en sécurité quand d’autres pays sont menacés. Nous ne sommes pas plus en sûreté que le plus vulnérable d’entre nous.

La coopération multi-religieuse augmente énormément l’efficacité de ce que les communautés de croyants peuvent entreprendre individuellement. Agissant ensemble, elles peuvent jouer un rôle important pour empêcher la violence avant qu’elle se déclenche, atténuer les conflits, se faire médiateurs entre les groupes armés et promouvoir la reconstruction des sociétés brisées par la guerre.

Les communautés de croyants n’ont pas seulement à rejeter la guerre et l’occupation étrangère, la violence sectaire, la prolifération des armements et la violation des droits de l’homme. Il leur revient aussi d’identifier et d’affronter les causes profondes de l’injustice, des inégalités économiques, de la faillite des institutions, des obstacles au développement, de l’exclusion sociale et des atteintes à l’environnement.

Pour une sécurité partagée

Les convictions morales de nos diverses traditions religieuses nous fournissent un fondement éthique pour faire face à la violence sous toutes ses formes et pour envisager ce que serait une sécurité commune.

Les conceptions existantes de la sécurité ne tiennent pas suffisamment compte des nombreuses formes de la violence. La sécurité à l’échelle d’une nation ne garantit pas nécessairement la paix ; en fait, elle encourage souvent la violence et augmente l’insécurité. Les conflits armés se produisent entre les Etats et, de plus en plus, à l’intérieur des Etats et entre des acteurs non-étatiques. La sécurité à l’échelle de l’humanité reconnaît la solidarité de la famille humaine en prenant comme point de départ les droits et les besoins des hommes. Mais définir la sécurité humaine en ces termes ne suffit pas à déterminer comment ces besoins pourront être satisfaits et qui sera responsable de les satisfaire.

Une vision complète de la sécurité partagée met en rapport les besoins dont la sécurité dépend, la manière d’y répondre et les acteurs, instruments et partenariats à mettre en œuvre à cette fin. Il est important que cette vision de la sécurité partagée mette en lumière la responsabilité collective qui incombe à tous pour que soit satisfait notre besoin commun de sécurité.

La sécurité partagée demande que tous les secteurs de la société reconnaissent nos vulnérabilités communes et la responsabilité que nous avons ensemble d’y faire face. Elle fait appel à l’action collective de parties prenantes multiples qui reconnaissent que chaque secteur de la société doit affronter la violence si nous voulons être efficaces. Cela suppose des formes de gouvernement démocratiques et participatives. Les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et les communautés de croyants elles-mêmes ont tous leur rôle à jouer dans la promotion de la sécurité partagée. Celle-ci, pour être réelle, doit transcender les frontières géographiques, ethniques et religieuses. Elle met en œuvre le sens du devoir, la responsabilité et les capacités humaines partout où on les trouve.

Une sécurité partagée effective à tous les niveaux satisfait les exigences de la sécurité nationale. Elle reconnaît, pour les neutraliser, les menaces directes et les dangers chroniques qui pèsent sur la sécurité physique des individus, et elle protège les pauvres, les sans pouvoir et les plus vulnérables. Elle renforce l’action des gouvernements et elle fait face aux inégalités et aux injustices de la mondialisation. Elle seconde les efforts des communautés de croyants et des chefs religieux pour s’opposer au détournement de la religion à des fins de violence et pour mettre en place des institutions favorisant la collaboration entre les gouvernements, toutes les composantes de la société civile et les communautés de croyants. S’engager dans la voie de la sécurité partagée permet aux réseaux multi-religieux, comme celui de Religions pour la Paix, d’agir plus efficacement pour transformer les conflits, construire la paix, lutter pour la justice et promouvoir le développement durable.

Religions pour la Paix

Religions pour la Paix est devenu une voix et une force multi-religieuses mondiales majeures pour la paix. En respectant les différences religieuses, le réseau mondial de Religions pour la Paix encourage une collaboration interreligieuse qui met en jeu les forces des communautés de croyants en vue de la transformation des conflits, de la construction de la paix et de la promotion du développement durable.

Nous, délégués à la huitième assemblée mondiale de Religions pour la Paix sommes fermement unis dans l’engagement que nous avons pris d’empêcher la violence et d’y faire face sous toutes ses formes, et nous avons confiance en la force de la coopération multi-religieuse pour promouvoir une vision commune de la sécurité partagée. Nous sommes déterminés à mobiliser nos communautés pour qu’elles travaillent ensemble et avec tous les secteurs de la société à arrêter la guerre, à lutter pour construire des collectivités humaines plus justes, à encourager l’éducation à la justice et à la paix, à éliminer la misère et à promouvoir le développement durable dans l’intérêt des générations futures.

Ces engagements et les appels à l’action qui s’en déduisent expriment nos croyances religieuses les plus profondes et les plus largement partagées.
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Kyoto, 29 août 2006
Appel à l’action pluri-religieuse

Comme responsables religieux, nous nous engageons à faire progresser la sécurité partagée par la présentation de nos points de vue, par l’éducation et par d’autres formes d’action pluri-religieuse, et à répandre cette Déclaration de Kyoto dans nos communautés.

Nous appelons tous les secteurs de la société — publics et privés, religieux et laïcs — à travailler ensemble à doter la famille humaine d’une sécurité partagée.

Plus spécialement, l’assemblée mondiale de Religions pour la Paix invite

1) les communautés de croyants

- à résister et à faire face à toute exploitation de la religion à des fins de violence;
- à devenir des avocats, des éducateurs et des acteurs efficaces pour la transformation des conflits, la promotion de la justice, la construction de la paix et le développement durable;
- à prendre appui sur leurs traditions spirituelles respectives pour former leurs membres à notre responsbilité commune de promouvoir la sécurité partagée;
- à renforcer à tous les niveaux l’éducation à la paix ;
- à rappeler aux gouvernements les engagements pris par eux en faveur de leurs peuples;
- à se mettre en réseau aux niveaux local, national, régional et mondial pour favoriser la coopération entre les religions du monde;
- à former des partenariats avec les gouvernements, les institutions internationales et les autres secteurs de la société en vue de faire face à la violence et de faire progresser une notion nouvelle de la sécurité partagée.


2) le réseau mondial de Religions pour la Paix


- à pousser à une coopération pluri-religieuse de haut niveau autour de l’idée de sécurité partagée;
- à créer, équiper et mettre en réseau des conseils interreligieux locaux, nationaux et régionaux;
- à renforcer le réseau mondial de Religions pour la Paix pour qu’il serve de base à la collaboration pour promouvoir la sécurité partagée;
- à poursuivre son action pour donner de l’autorité aux femmes et promouvoir les droits de la femme dans ses structures à tous les niveaux;
- à reconnaître la position centrale que doivent occuper les femmes de foi et à placer le souci de la situation des femmes au centre du programme de construction de la sécurité partagée;
- à garder la jeunesse religieuse et ses préoccupations au centre de son programme et à favoriser leur pleine participation à la promotion de la sécurité partagée;
- à soutenir la Commission de Construction de la Paix de l’Organisation des Nations Unies et à collaborer avec elle;
- à soutenir des pratiques favorables au développement durable et à la protection de l’environnement;
- à former des partenariats avec tous les secteurs de la société, en particulier pour lutter contre le SIDA.



3) Les gouvernements, les institutions internationales et le monde des affaires


- à soutenir les efforts des responsables religieux en ce qui concerne la violence existant au sein de leurs communautés et en dehors d’elles, et à les inclure comme il convient dans les négociations politiques relatives à des situations de conflit;
- à former des partenariats avec les communautés de croyants pour réaliser les buts de développement du Millénaire, en vue d’éradiquer la misère extrême et la faim, de combattre la maladie et de faire progresser le développement durable;
- à faire servir les progrès de la science et de la technique à des objectifs de paix, à l’élimination de la misère et à la promotion du développement durable;
- à mettre à contribution les réseaux religieux pour leur aptitude à atteindre des populations nombreuses et pour leur capacité de pousser au changement.

Nous invitons tous les hommes de bonne volonté à soutenir les communautés de croyants et à collaborer avec elles tandis que nous travaillons à procurer à tous la sécurité partagée.
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