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Publié le Juil 24, 2002 - 12:16 AM
Education à la Paix

EN FRANCE

Table ronde : Les religions dans la cité



Plus loin que l'interreligieux : vivre dans la cité, promouvoir l'éducation à la paix, faire face la violence.


Vivre dans la cité, les rapports entre municipalité et vivre ensemble sont divers. La municipalité peut-elle favoriser une meilleure connaissance des religions ?

Tel semble être en effet le pari de Marly-le-Roi, petite ville des Yvelines, où l'on n'a pourtant pas de problèmes particuliers de vivre ensemble.

Un groupe de réflexion sur les religions se monte, et, en lien avec la mairie, organise depuis plusieurs années des cycles de conférences et autres spectacles de danse, théâtre et musique pour faire découvrir à ses citoyens la richesse des diverses traditions religieuses.

Dans une cité beaucoup plus grande et cosmo-polite, Marseille Espérance, qui émane directement de la municipalité, veut aussi rendre "visible que des gens irréductiblement différents vivent ensemble" nous dit son représentant, par des actions à caractère informatif comme le calendrier des fêtes religieuses, ou symboliques, comme la rencontre des représentants des communautés religieuses. Pourtant, "nous ne discutons jamais de religion" ajoute son représentant.

A Toulon, par contre, un rapport tout autre avec la municipalité, qu'on peut qualifier de tendu : "le FN nous a stimulé", lance la prési-dente de Var-Espérance. Des communau-tés minori-taires font appel à l'association comme médiatrice auprès des pouvoirs publics : "des musulmans nous ont demandé de soutenir leur demande de carré confessionnel au cimetière, celle d'avoir l'autorisation de construire une mosquée ou encore de pouvoir tuer le mouton pour l'Aïd. Nous avons écrit des lettres. Beaucoup sont restées sans réponse." souligne Brita Médus. "Pourtant, favoriser l'émergence d'une mosquée, cela limiterait l'intégrisme", déplore-t-elle.

Alors, quelles relations entre les activités interreligieuses et la cité ? Les projets comme celui de Marly-le-Roi ont l'avantage d'être préventifs, de nous introduire à une meilleure connaissance culturelle des autres traditions religieuses, des héritages communs. Var Espérance doit certainement inventer une contribution originale à un vivre ensemble dans une situation beaucoup plus violente. Ils ont pourtant choisi une voie artistique. Ils ont aussi privilégié le contact avec les enfants et les jeunes.
Des voies originales, cela passe aussi par une meilleure écoute de ce qu'il se passe dans le "mal-vivre" ensemble. "Il faut savoir où ça fait mal, c'est là le levier pour travailler" explique Thierry Jeanne, thérapeute social stagiaire*. C'est à partir de l'expression des difficultés, des souffrances que l'on peut voir l'autre plus authentiquement et amorcer des solutions communes pour mieux cohabiter et réduire la violence. Pour cela, il s'agit d'abord de mieux comprendre cette violence.

En pratique, ou en théorie ? A Lyon une expérience de jeux de rôles, dans le cadre d'une paroisse : imaginer une situation, dans les transports en communs par exemple, et la mimer. Les mécanismes de la violence deviennent plus perceptibles, moins extérieurs. "Quels sont ceux qui mettent les pieds sur les banquettes ?", interroge Michel Guillot, nous entraînant dans une chasse au stéréotypes.
Pour comprendre la violence, Marie-Louise Martinez nous invite aussi à lire ou relire René Girard, et sa dénonciation de la violence sacrée. Les société laïques ne sont pas à l'abri de cette violence, les idoles ont simplement changé de visage.
Une autre piste prometteuse est le travail auprès des jeunes par le biais d'activités telles que le sport et l'internet (voir ci-dessous).

Faire face à la violence, voir quel rôle peuvent jouer les religions dans les résolutions de conflit, sont au coeur des perspectives nou-velles adoptées lors de l'Assemblée Géné-ra-le de la section française de la CMRP. "Beau-coup de groupes font de l'inter-religieux. Nous avons quelque chose de spécifique à apporter", a proposé Jacques Stewart le nou-veau prési-dent de la section française, en encou-ra-geant l'association à se tourner résolu-ment vers l'axe de l'éducation à la paix. La question est difficile. Gageons que des colla-bo-ra-tions avec d'autres compétences et expériences aide-ront la "Conférence Mondiale des Reli-gions" à être encore plus "pour la Paix". En fait, là aussi, une leçon du dialogue avec la différence.

Internet et les religions

Chez les jeunes l'interreligieux n'est pas le premier sujet de préoccupation. Pourtant, quand il s'agit de parler de la conception d'une page Web, "on ne met pas en avance les croyances au début. mais quand on parle du contenu, ils disent qui ils sont et comment ils croient", explique Éric Aubourg, partisan d'une approche implicite du dialogue, par l'action. Son association Synergie a pour but d'aider des associations à développer leur projet, à créer leur page Web. "Par exemple, à Clignancourt, on a installé un ordinateur avec une connexion internet, on a eu des musulmans, des hindouistes...". Un des objectifs de Synergie : développer un réseau national d'associations de quartier.

Les invités à la table ronde

Brita Medus, présidente de Var Espérance,
L'association est active dans la pédagogie du dialogue pour les enfants et les jeunes, et très sensible à l'engagement à parler de l'autre. Une base de ses activités, ses réunion mensuelles : cette année chaque tradition a pré-sen-té son approche de la prière, et a rédigé un livret sur ce thème. Un autre point fort, les expo-sitions : en 1997 des dessins d'enfants de diverses communautés sur le thème de la paix, et pour septembre 1998, des calligraphies de la parole.

Marseille Espérance
A l'origine, un projet initiée par la mairie, pour favoriser le vivre ensemble. Depuis six ans, Marseille Espérance édite un calendrier, distribué dans toute la ville, mentionnant les fêtes de diverses communautés religieuses. Elle organise aussi de grandes manifestations publiques interreligieuses (gala, colloques).

Groupe Interreligieux de Nancy, Marie-Hélène Bolle
Un groupe dont l'objectif est une meilleure connaissance des autres religions. Ses activités basées sur des rencontres mensuelles à thèmes. D'autres points forts : un colloque sur le thème "Vivre ensemble", la seconde édition de son calen-drier interreligieux et l'organi-sation de conférences sur le dialogue interreligieux en collaboration avec une autre association.

Lyon, Michel Guillaud, prêtre, chargé des relations avec les musulmans
A Lyon, le dialogue interreligieux a des couleurs multiples, surtout en banlieue : 5 ou 6 lieux de dialogue islamo-judéo-chrétien, ou islamo-chrétiens, certains organisent exposi-tions, pique-niques, conférences, et visites mutuelles de lieux de cultes, d'autres sont des groupes de rencontre et de discussion.

Trappes : association Synergie, Erik Aubourg, et Henry More
Synergie ne se présente pas comme une association à interreli-gieuse mais elle soutient des projets de jeunes, qui font des choses ensemble, dans des quartiers en difficulté, elle est donc naturellement interculturelle et interreligieuse. Deux axes : l'insertion par le sport :des tournois de foot dans les cités et le projet internet (voir ci-dessus).

Mairie de Marly-le-Roi
Madame Taffany, maire-adjoint et Mr Gueist, Directeur des affaires culturelle ; la mairie organise des cycles de conférences et specta-cles sur les différentes traditions religieuses.


 
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