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Publié le Mai 31, 2005 - 11:11 PM
Religions et conflits

CONSTRUIRE LA PAIX PAR LA COOPÉRATION PLURIRELIGIEUSE





L'ECRL (European Council of Religious Leaders) est le premier organisme pan-européen qui soit composé de responsables choisis dans les communautés ou les structures de toutes les religions implantées et reconnues sur le continent. Sa création est due à une initiative de membres du CA de la CMRP (Jacqueline Rougé et Michel Cardon) qui ont organisé la première réunion en mars 2002 à Paris. Comprenant actuellement une trentaine de membres, il est dirigé par l'Archevêque Gunar Stälsett assisté du Grand Rabbin Sirat et du Grand Mufti Mustafa Ceric et fait partie de la WCRP-Europe.

Le secrétaire général est M. Stig Utnem .







Le Conseil européen des responsables religieux pour la paix s’est réuni à Louvain (Belgique) du 7 au 10 novembre 2004.

Les membres du Conseil (European Council of religious leaders : ECRL) ont réitéré leur engagement à la coopération plurireligieuse pour une paix juste et pour la stabilité en Europe.

L’ECRL s’offre comme partenaire aux institutions européennes, convaincu qu’un tel partenariat est essentiel pour faire face aux défis que l’Europe doit affronter dans ses transformations actuelles.

Cette réunion du Conseil, était la troisième depuis sa fondation en 2002.

La capitale de la Belgique, Bruxelles, symbolise aujourd’hui pour bien des Européens et beaucoup de pays la nouvelle Europe en train de se construire. Au cours de la réunion, des responsables religieux de haut niveau appartenant à diverses traditions religieuses et provenant de nombreuses parties de l’Europe ont continué à

dialoguer. Les représentants d’institutions politiques responsables du maintien et du renforcement de la paix, de la démocratie et de la stabilité en Europe, telles que l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, l’OTAN et le Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est, ont pris une part active à ce dialogue.



Une offre de partenariat

L’ECRL accueille avec satisfaction l’élargissement de l’Union européenne qui s’est réalisé le 1er mai 2004 avec l’entrée de dix nouveaux Etats membres. Des négociations sont en cours avec d’autres Etats en vue de leur adhésion. Parmi eux figurent des pays des Balkans ainsi que la Turquie, le premier qui ait une population en majorité musulmane. Cette transition apporte à la fois des défis et de nouvelles chances pour l’avenir. L’ECRL considère que, pour le succès de ce processus, l’Union européenne a besoin de partenaires dans la société civile. Le Conseil lui offre son partenariat et s’engage à travailler avec l’Union et ses institutions comme le prévoit une déclaration adoptée à cette réunion. L’ECRL noue entre les églises, les

mosquées, les synagogues, les temples et les gurudwaras d’Europe des réseaux qui transcendent les frontières nationales à travers toute la région et qui sont en relation avec le reste du monde.

L’ECRL presse l’Union européenne de mettre en place un mécanisme pour un dialogue effectif, ouvert et transparent avec les communautés de croyants, conformément à l’article 52 de sa nouvelle constitution. Ce mécanisme devrait être inclusif, participatif et non compétitif ; il devrait viser à aider l’Union à mieux comprendre les sentiments religieux dominants dans les diverses régions et les différentes traditions de l’Europe. Il devrait être un lieu d’échange d’idées et d’initiatives en vue de la paix et de la stabilité. L’ECRL est prêt à servir comme l’un des partenaires majeurs de cette entreprise.

L’ECRL condamne les actes de violence récemment commis en Europe, dont des assassinats, ainsi que tout acte de violence. La violence commise au nom de la religion est une violence contre la religion. Haïr au nom de Dieu, c’est haïr Dieu lui-même.



Symboles religieux

L’ECRL déplore l’interdiction des objets et symboles religieux tels que foulards islamiques, calottes juives, grandes croix chrétiennes et turbans sikhs dans les écoles publiques. L’ECRL estime que le port d’une tenue religieuse prescrite ne devrait être considéré comme une atteinte aux principes laïcs d’aucun Etat. L’ECRL estime qu’une telle interdiction menace la liberté individuelle de pratiquer sa religion et qu’elle est donc en contravention avec les droits humains universels.

Les membres de l’ECRL ont pris note avec inquiétude de la croissance de l’antisémitisme, de l’islamophobie et d’autres manifestations du racisme en Europe. L’ECRL soutient le travail du Centre européen sur le racisme et la xénophobie (EUMC) ; il recommande que toutes les communautés de croyants engagent des actions positives pour combattre le racisme, notamment par des programmes d’éducation et des échanges de jeunes.

Les responsables religieux de haut niveau des pays de l’Europe du Sud-Est avaient été spécialement invités à cette réunion de l’ECRL. Au cours de la rencontre, ils ont mené un dialogue actif en vue de marcher dans la voie de la vérité, de la justice et de la réconciliation dans leurs propres pays.



Réconcilier les Kosovars

L’ECRL encourage le Conseil interreligieux de Bosnie-Herzégovine et le Conseil interreligieux du Kosovo à poursuivre leur engagement de travailler à guérir les cicatrices laissées par la guerre et à construire une paix juste. Il y a là de profondes leçons à recevoir : les leçons amères qu’enseigne la brutalité des conflits ethniques récents ; les leçons d’espoir nées du courage avec lequel se forge une paix durable.

L’ECRL encourage de même les communautés de croyants et diverses autres parties en Bosnie-Herzégovine à contribuer à la mise en place dans ce pays d’une commission pour la vérité et la réconciliation.

L’ECRL encourage en outre la communauté internationale, en particulier le Conseil de l’Europe et l’UNESCO, à poursuivre leurs initiatives pour la reconstruction des monuments et sites religieux du Kosovo. Le Conseil invite ces organismes à étendre leur aide à la communauté musulmane de Serbie.

L’ECRL accueille aussi avec satisfaction la croissance et les progrès d’un réseau de responsables religieux de l’Europe du Sud-Est poursuivant le dialogue, l’échange d’expériences et la recherche des moyens de forger la paix, la stabilité et la sécurité dans toute la région.

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DÉCLARATION SUR LA SITUATION AU KOSOVO



Déclaration relative à la situation présente au Kosovo

Les frustrations et l’insatisfaction qui grandissent au sein des deux communautés serbe et albanaise du Kosovo ont été clairement perçues lors de la réunion du Conseil européen des responsables religieux/religions pour la paix.

Les responsables religieux de l’Europe du Sud-Est étaient présents ainsi que des représentants des institutions politiques de l’Europe et des personnalités européennes

invitées. Au terme de discussions approfondies, franches et fructueuses, l’ECRL est parvenu aux conclusions suivantes : la communauté internationale a été prise au dépourvu par la violence à caractère ethnique qui, en mars 2004, a fait de nombreuses victimes et causé la destruction de maisons et de sites religieux. Elle n’avait pas compris l’intensité des frustrations de la population, et elle avait manqué à son devoir de défendre les droits de la minorité. Une grave absence de progrès économique, un manque de direction politique claire et la pression exercée sur le groupe minoritaire ont contribué à cette situation.

L’ECRL reconnaît les souffrances passées de la population albanaise et les souffrances présentes de la population serbe.



Mobiliser les religieux

Le fait que seulement un petit nombre de réfugiés serbes et de réfugiés d’autres communautés non albanaises aient pu revenir continue d’être pour le Conseil un sujet de

grave préoccupation. Pour que soient créés le climat et toutes autres conditions nécessaires au retour des réfugiés et des personnes déplacées, il est essentiel que les Eglises et les groupes religieux, les communautés locales et les instituions internationales s’acquittent tous de leurs responsabilités.

L’ECRL réclame respect et protection de tous les droits humains, conformément aux principes démocratiques et au droit international, y compris les droits fondamentaux à la vie, à la liberté de se déplacer, à la justice, à la propriété, à l’emploi et à la dignité humaine.

L’ECRL note avec satisfaction les initiatives prises par la communauté internationale représentée par la Mission des Nations unies au Kosovo (UNMIK), par l’Unesco, par le Conseil de l’Europe et à travers les Institutions provisoires de gouvernement autonome (PISG) en vue de préparer la restauration des sites culturels et religieux endommagés en mars 2004 au Kosovo. Tout en comprenant la nécessité de définir le cadre de cette reconstruction, nous regrettons la longueur de ce processus qui a fait que rien n’a encore été réalisé sur le terrain. La frustration qui en résulte au sein de la communauté serbe est compréhensible, mais nous demandons que se rétablisse immédiatement la coopération entre toutes les parties et les communautés intéressées.

Les sites religieux sont des lieux de paix dotés d’un caractère symbolique sans équivalent pour le passé, le présent et l’avenir de chaque communauté de croyants et de la société tout entière. Reconstruire les sites islamiques et chrétiens qui ont été détruits par la guerre, la violence et la haine au cours des années récentes donnerait l’espoir au Kosovo d’un avenir commun dans lequel les minorités seraient bien accueillies et leurs droits protégés.

Le Kosovo a un besoin profond d’efforts interreligieux concrets manifestant un engagement pour la réconciliation. Pour y parvenir, l’ECRL recommande que soit immédiatement redonné vie à la Commission de travail du Conseil interreligieux du Kosovo aux niveaux local et régional avec la participation de représentants des Eglises et de la communauté musulmane afin d’identifier et de discuter des questions d’intérêt commun.



Les membres de l’ECRL appellent les responsables religieux du Kosovo à reconnaître et à affirmer notre responsabilité partagée devant Dieu et devant nos frères et sœurs de toutes les communautés. Nous sommes tous conscients de l’obligation morale que nous avons de travailler ensemble à l’établissement d’un nouveau climat de dialogue, de confiance mutuelle et de coopération sincère.





 
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